Lettre 17 (18 janvier 2017)

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Chers amis,

En cette nouvelle année 2017, nous vous souhaitons tout le bonheur de pouvoir relever chacun, chacune, à sa mesure, les défis planétaires auxquels nous ne pouvons ni ne pourrons échapper. Ils sont à la fois humains, écologiques, économiques et sociétaux, dans une totale interdépendance, comme l’évoque le film et documentaire « Demain » que nous vous recommandons vivement !

Plus que jamais, pour les chrétiens, résonne cette parole inscrite sur le blason des Sœurs de la Charité, qu’on peut voir à l’église de la rue du Bac à Paris, au-dessous de l’orgue : « La Charité de Jésus Christ nous presse » ! Oui il y a urgence, et de manière désormais globale, comme le souligne notre cher Pape François, dans son encyclique consacrée à l’écologie « naturelle » et « humaine » « Laudato Si’»… « Loué sois-tu ! » en référence à son saint patron, François d’Assise dans son magnifique « Cantique du soleil ».

Depuis plusieurs années, de notre côté, nous sommes passés par des temps de questionnements mais aussi et surtout par des temps de maturation profonde. Nos échanges, alimentés par l’actualité, ont éclairé le projet Koïnonia de lumières et de dimensions nouvelles. Il y a une vingtaine d’années, nous envisagions une vie communautaire qui s’enrichit des différences et s’en émerveille. Nous nous sommes rendu compte que cette vision pouvait apporter une réponse de sobriété heureuse et créative, dont on sait qu’elle devient de plus en plus nécessaire !

Notre projet, qui rejoint les aspirations spirituelles du cœur humain, répond en même temps aux problématiques nouvelles très concrètes de la crise du logement, de la crise écologique, et de celle d’un monde industriel qui prépare sa propre destruction par l’épuisement des ressources naturelles qu’il engendre.

En Suisse, par exemple, on parle de « kloster » (cloître) pour développer un habitat partagé à la manière des monastères, qui offre des appartements plus accessibles financièrement, parce qu’ils combinent espace privé et lieu commun.

On entend parler aussi de plus en plus de la « permaculture » c’est-à-dire de « culture permanente », qui intègre de manière systémique, à l’inverse de la culture industrielle, tous les éléments de son développement de façon durable. Elle remet l’homme au centre de son écosystème en lui permettant de vivre et de travailler à proximité des lieux de production, ce qui redonne aux cités leur dimension humaine. Entre autres, des monastères orthodoxes et le Chemin Neuf soutiennent et développent pour leur part la permaculture…

Le projet « Koïnonia » s’inscrit totalement dans cette intuition systémique élaborant un cercle vertueux en partant du Christ présent au cœur de l’homme et de ses aspirations profondes.

Le 1er septembre 2016, Marie-Joseph a déménagé à Fribourg, dans le but de se réinvestir pleinement en théologie. Au semestre d’automne, il a donné deux cours à l’université, l’un en morale sur « Les vertus théologales chez saint Jean de la Croix », l’autre en pastorale sur « Les écoles d’oraison et de communion ». Ces cours ont mis en évidence l’actualité et l’enjeu de la spiritualité en théologie et dans la vie de l’Église. Thérèse d’Avila et Jean de la Croix avaient en vue non seulement le chemin de l’union à Dieu, mais aussi la réforme de l’Église en la recentrant sur la vie spirituelle, par l’oraison et la vie théologale. Le projet Koïnonia reprend à son compte cette intuition fondamentale pour le monde d’aujourd’hui.

Que cette année 2017 suscite d’autres rencontres dans le but de rassembler divers états de vie qui réhabiliteraient nos « cloîtres » presque vides et permettraient à l’Église de témoigner de l’Amour de Dieu pour sa création. C’est notre prière ! De la même manière que les initiatives citoyennes, nous envisageons des initiatives locales qui peuvent petit à petit se répandre dans le monde entier.

À ses débuts, nous avions appelé le projet Koïnonia « Libertas Dei », pour qu’il soit un lieu où se déploie la Liberté de Dieu. Face aux redoutables enjeux que connaît notre monde, au cœur de l’Église et avec elle, nous désirons allumer et incarner partout des foyers de lumière, d’espérance, de solidarité et de communion.En union de prière et d’amitié,

P. Marie-Joseph Huguenin et Michelle Foucault